Soutenance de thèse

APMS Soutenance de thèse

Le 13 février 2025, Nicolas Adenis soutiendra sa thèse intitulée "Éducation aux neurosciences de la douleur : clarification conceptuelle, essai contrôlé randomisé et explorations qualitatives chez des patients atteints de lombalgie persistante dans le cadre d’un court programme de réadaptation multidisciplinaire"

Soutenance de thèse : Nicolas Adenis (Université de Lille)

Titre de la thèse : " Éducation aux neurosciences de la douleur : clarification conceptuelle, essai contrôlé randomisé et explorations qualitatives chez des patients atteints de lombalgie persistante dans le cadre d’un court programme de réadaptation multidisciplinaire "

Direction de thèse - André Thévenon (Université de Lille), Vincent Tiffreau (Université de Lille)

Jury de thèse - Christelle NGuyen (PU-PH, Hôpital Cochin, rapporteur), Arnaud Dupeyron (PU-PH, Hôpital de Nimes, rapporteur), Floren Bailly (PH, Hôpital La Pitié Salpêtrière), Agathe Anthierens (MCF, Université de Lille, examinatrice), Laurent Potance (PR associé, Université Catholique de Louvain-la-neuve)

Soutenance : le 13 février 2025 à 13h30, Université de Lille - Pôle recherche de l'UFR3S - Médecine, 1 place de Verdun, 59000 Lille, salle Salle des thèses

Résumé : Introduction : La lombalgie persistante est une affection multifactorielle qui représente un problème majeur de santé publique. Les programmes de réadaptations multidisciplinaires (PRM) représentent une option thérapeutique de 3ème intention. Plusieurs courants éducatifs existent pour la composante éducative de ces programmes, dont l’éducation à la physiologie rachidienne et l’ergonomie (EPRE), et plus récemment l’éducation aux neurosciences de la douleur (END). Bien que certaines études suggèrent une supériorité clinique de l’END, elles restent limitées, comportent des biais importants, et aucune n’a été réalisée au sein d’un court programme de réadaptation multidisciplinaire. De plus, les approches quantitatives ne saisissent que partiellement les facteurs psychosociaux visés par ces interventions éducatives et n'expliquent pas toujours les résultats observés. Enfin, le concept d'END reste flou et nécessite d’être clarifié. Méthode: L’étude n°1 est une revue exploratoire visant à clarifier le concept d'END et à en identifier les caractéristiques clés. Les études n°2 et n°5, respectivement des ECR et un suivi de ces ECR, comparent l’efficacité de l’END à l’EPRE dans un court PRM chez des patients souffrant de lombalgie persistante invalidante, à 3 mois (étude n°2) et à 1 an (étude n°5). Les études n°3 et n°4 sont qualitatives et ont pour objectif d’explorer les changements dans la compréhension de la douleur et les stratégies d’adaptation des participants dans les deux groupes. Résultats: Étude n°1: L’END réfère principalement à une approche éducative, mais elle fait parfois référence à son modèle théorique et à une approche globale du soin. Elle est caractérisée par son intention d’aider le patient à changer la conception de sa douleur à l’aide de stratégies de changement conceptuel issues des sciences de la douleur. Étude n°2: Aucun effet significatif n’a été observé entre les groupes en termes d’amélioration de l’invalidité et des critères secondaires à 3 mois. Étude n°3: Un changement de conceptuel significatif est associé à des modifications importantes de stratégies de coping, mais seule la moitié des participants ont observé ce changement. Étude n°4: Les changements de stratégies de coping sont associés à des changements de vision du pronostic et de la prise en charge mais pas du diagnostic. La majorité des participants ont connu ces changements et ont apprécié les ateliers “gestes et postures” visant à adapter le quotidien. Étude n°5: L’END est plus efficace que l’EPRE pour réduire les scores de kinésiophobie au suivi à 1 an, mais pas les autres critères d’évaluation. Discussion: Il ne semble pas y avoir d’intérêt à remplacer systématiquement l’END à l’EPRE pour réduire l’invalidité au sein d’un court PRM. Des recherches supplémentaires ont été suggérées pour identifier des sous-groupes répondant mieux à une approche éducative plutôt qu’à une autre, et identifier s’il existe un intérêt médico-économique à une approche intégrant l’END plutôt que l’EPRE. Toutefois, il a été discuté d’évaluer si des changements visant à l’optimisation de l’apprentissage conceptuel et le contrôle de la douleur dans la vie quotidienne étaient susceptibles de changer les résultats.

Anstract : Introduction: Persistent low back pain is a multifactorial condition that represents a major public health issue. Multidisciplinary rehabilitation programs (MRP) are considered a third-line therapeutic option. Several educational approaches exist for the educational component of these programs, including spinal physiology and ergonomics education (SPEE), and more recently, pain neuroscience education (PNE). Although some studies suggest clinical superiority of PNE, they remain limited, have significant biases, and none have been conducted within a short multidisciplinary rehabilitation program. Additionally, quantitative approaches only partially capture the psychosocial factors targeted by these educational interventions and do not always explain the observed outcomes. Finally, the concept of PNE remains unclear and needs further clarification. Methods: Study No. 1 is an exploratory review aimed at clarifying the concept of PNE and identifying its key characteristics. Studies No. 2 and No. 5, which are randomized controlled trials (RCTs) and a follow-up of these RCTs, compare the effectiveness of PNE with SPEE in a short MRP for patients with disabling persistent low back pain, at 3 months (Study No. 2) and at 1 year (Study No. 5). Studies No. 3 and No. 4 are qualitative and aim to explore changes in participants' understanding of pain and their coping strategies in both groups. Results: Study No. 1: PNE primarily refers to an educational approach, but it sometimes refers to its theoretical model and a holistic care approach. It is characterized by its intent to help the patient change their pain conception using conceptual change strategies derived from pain science. Study No. 2: No significant effects were observed between the groups in terms of improvement in disability and secondary outcomes at 3 months. Study No. 3: A significant conceptual change is associated with substantial changes in coping strategies, but only half of the participants experienced this change. Study No. 4: Changes in coping strategies are associated with changes in the outlook on prognosis and management, but not on diagnosis. The majority of participants experienced these changes and appreciated the "movements and postures" workshops aimed at adapting daily activities. Study No. 5: PNE is more effective than SPEE in reducing kinesiophobia scores at the 1-year follow-up, but not for the other evaluation criteria. Discussion: There does not appear to be a clear benefit in systematically replacing PNE with SPEE to reduce disability within a short MRP. Further research has been suggested to identify subgroups that respond better to one educational approach over the other, and to determine whether there is a medico-economic advantage to an approach integrating PNE rather than SPEE. However, it was discussed whether changes aimed at optimizing conceptual learning and pain management in daily life might alter the outcomes.