Soutenance de thèse de Elise Decorte

SHERPAS Soutenance de thèse

Le 25 novembre 2025, Elise Decorte soutiendra sa thèse intitulée "La réduction des inégalités sociales de santé par l’usage des activités physiques et sportives en contexte scolaire défavorisé : analyse pluridisciplinaire, interventions ascendantes et mesures d’effets multi-niveaux"

Doctorante : Elise Decorte  (Université d'Artois)

Titre de la thèse : La réduction des inégalités sociales de santé par l’usage des activités physiques et sportives en contexte scolaire défavorisé : analyse pluridisciplinaire, interventions ascendantes et mesures d’effets multi-niveaux.

Direction de thèse : Williams Nuytens (Université d'Artois) - Co-Encadrement : Nathalie Jelen (Université d'Artois)

Jury de thèse - Anne Vuillemin (Université Côte d’Azur, rapporteuse), Aurélie Van Hoye (Université de Lorraine, rapporteuse), George Baquet (Université de Lille, examinateur), Olivier Vors (INSPE d’Aix-Marseille, examinateur), Gilles Vielle Marchiset (Université de Strasbourg, examinateur)

Pour assister à la soutenance : le 25 novembre 2025 à 14h, Faculté des Sport et de l'Education Physique, Chemin du Marquage, Liévin 

Résumé : Cette thèse interroge les conditions de réduction des inégalités sociales de santé (ISS) par la promotion de l’activité physique et sportive (APS) en milieu scolaire prioritaire, à travers un protocole de recherche interventionnelle articulant analyse fine des déterminants de l’engagement en APS chez des enfants scolarisés en REP+ en quartiers prioritaires et conception de dispositifs adaptés aux réalités locales. Les écoles ont été sélectionnées selon des critères territoriaux et sociodémographiques : concentration de vulnérabilités, faibles taux de pratique physique et ouverture des équipes à la recherche. Cette démarche, assumant l’absence de randomisation stricte mais un ciblage raisonné, vise à maximiser la pertinence écologique de l’intervention tout en répondant aux besoins des territoires les plus exposés aux ISS dès l’enfance. Le cadre conceptuel mobilise de façon intégrée le modèle socioécologique, qui permet d’articuler influences individuelles, interpersonnelles, institutionnelles et environnementales, et le modèle COM-B, structurant l’intervention. COM-B postule que le changement de comportement dépend de l’interaction dynamique entre Capacité (compétences motrices, sentiment d’efficacité personnelle), Opportunité (disponibilité des ressources matérielles, accessibilité des espaces de pratique, soutien social) et Motivation (dimension affective, plaisir, valeurs, attentes). Ce modèle a permis d’opérationnaliser des techniques de changement de comportement ciblées : fixation d’objectifs individualisés, autoévaluation, feedback immédiat, graduation des tâches et valorisation des réussites. L’analyse croisée des résultats s’appuie sur ces modèles pour dépasser les approches linéaires et documenter les boucles de renforcement entre sentiment de compétence, plaisir et engagement dans la durée. La méthodologie s’est structurée en plusieurs temps. Une phase exploratoire a mobilisé questionnaires, observations et entretiens pour diagnostiquer les besoins locaux et sélectionner deux écoles présentant des profils contrastés mais comparables. Puis, une phase interventionnelle a comparé deux formats : un protocole centré sur l’EPS structurée (GEU), optimisant les ressources scolaires disponibles, et un protocole multi-leviers (GEM), intégrant EPS, pauses actives, défis extrascolaires et outils comportementaux pour agir également hors temps scolaire. Ce design multiphase, combinant logique séquentielle explicative et convergence concomitante des données, permet une triangulation rigoureuse entre indicateurs quantitatifs et retours qualitatifs des acteurs. Les résultats indiquent que les effets des interventions varient selon le contexte, le genre et le mode d’appropriation par les équipes éducatives. Le dispositif GEM, qui offre davantage d’opportunités de pratique génère une progression notable du sentiment de compétence sportive et du niveau d’activité physique en dehors de l'école, notamment chez les filles. À l’inverse, la progression des habiletés motrices est plus marquée chez les garçons du GEU, bénéficiant d’un accès direct aux équipements scolaires. Ces différences soulignent la pertinence d’une approche intégrée, combinant adaptation de l’environnement, soutien motivationnel et techniques de changement de comportement. Enfin, la pérennité des effets dépend de l’implication des équipes et de l’articulation avec les familles. Ce travail invite à dépasser l’illusion d’un modèle d’intervention universel, au profit d’une ingénierie contextualisée, adossée à une évaluation continue et à une capacité d’ajustement en fonction des contraintes institutionnelles et des ressources disponibles. La thèse conclut à la nécessité d’une articulation étroite entre dispositif pédagogique, environnement matériel et dynamique collective, pour garantir l’équité d’accès à l’APS et agir concrètement sur la réduction des ISS dès l’école primaire.